Dimanche 5 décembre 2021, discussions sur l'avenir de la pêche à Chambiers
C'est suite à la lettre ouverte à Pascal Farion, maire de Durtal, envoyée à l'intéressé et diffusée sur les réseaux sociaux que le maire et son adjoint Jérôme Dehondt ont décidé de répondre à l'invitation de l'association pour clarifier une situation qui devenait tendue. Ecrite par Julien Ternus, le président des Boërs Durtalois, cette lettre avait pour objectif d'alerter le public sur les risques à voir diminuer les usages au sein même de la forêt de Chambiers, du moins sur la partie communale. Elle faisait suite à la réception d'un courrier adressé par la mairie à la fédération de pêche du Maine-et-Loire, courrier indiquant une dénonciation de la convention qui arrivera à son terme en octobre 2022.
"La forêt de Chambiers couvre une superficie d'environ 2000 hectares. Elle est classée Espace Naturel Sensible (ENS) et à ce titre, elle répond à des exigences par une politique de préservation et de développement de la biodiversité pour les espèces protégées et vulnérables. Le département nous a conseillé dans le cadre de l'étude pour le plan de gestion et nous avons fait appel à trois structures naturalistes, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), le Centre Permanent d'Initiative pour l'Environnement (CPIE) et le Conservatoire des Espaces Naturels (CEN)", commençait à expliquer Jérôme Dehondt, adjoint chargé à la transition écologique à la mairie de Durtal, en poursuivant son propos. "Après un droit de pêche sur les deux étangs pendant douze ans, la convention arrivait à son terme en octobre 2022 avec une clause renouvelable tous les trois ans. Nous avons fait le choix de dénoncer légalement cette convention une année avant sa fin mais nous n'avons pas dit que nous ne voulions pas envisager une nouvelle convention".
Le président de la fédération de pêche du Maine-et-Loire prenait la parole. "Heureusement que la fédération est intervenue pour refaire la digue et nettoyer l'étang. Si nous ne l'avions pas fait, il n'y aurait plus d'oiseaux" ? Un moniteur guide de pêche demandait : "Qu'est-ce qui est dénoncé dans cette convention ? Nous les pêcheurs, sommes-nous considérés comme nuisibles pour l'environnement ? On pratique notre loisir dans le milieu naturel qui représente 0,2% de la superficie totale de Chambiers. Sur l'étang, il n'y a jamais vingt pêcheurs en même temps, tout au plus cinq à la fois". Jérôme Dehondt se justifiait en précisant que "à l'époque, le département avait émis des réserves sur l'introduction du black bass par rapport à l'identification des enjeux sur la biodiversité et aux besoins de fluctuation du niveau d'eau qui permettent aux amphibiens et aux échassiers d'assurer le maintien des espèces en période de nidification. Le black bass est un prédateur d'amphibiens, c'est un opportuniste". Puis un technicien de la fédération de pêche du Maine-et-Loire répondait : "Le black bass pose problème à la LPO mais en aucun cas personne ne peut prouver d'un impact négatif des pêcheurs et des black bass sur l'environnement. On n'a touché à rien au niveau des arbres et il y a un marnage naturel durant l'été du fait de la sécheresse. Vous voulez enlever le black bass pour recréer un faux plan d'eau". A quoi l'adjoint chargé de la transition écologique confirmait que "la pratique de la pêche n'est pas remise en cause, celle du black bass, oui".
Même si chacun défendait son point de vue fort logiquement, le débat n'évoluait pas dans le sens qu'espéraient les pêcheurs. C'est pourquoi Julien Ternus, président des Boërs Durtalois, prenait la parole : "Si la convention avait été maintenue, avec éventuellement des avenants, nous aurions permis à Chambiers de garder une visibilité sur le plan national. Le choix du black bass est un choix judicieux car il s'adresse aux bonnes personnes et aux bons endroits. Je ne remets pas en cause l'éventuel impact néfaste du black bass mais ce n'est pas un destructeur du milieu. On est les premiers à concilier les usages et j'ai été attristé par cette dénonciation. C'est un acte dur, un acte lourd de conséquences. Nous sommes contraints de retirer des images d'une vidéo d'Anjou Tourisme qui aurait été vue au niveau national". Il indiquait ensuite le choix effectué par la fédération. "L'esprit de Chambiers n'était pas d'introduire du poisson à gogo afin de faire venir de nombreux pêcheurs. On a choisi une pratique qui allait dans le sens de l'équilibre".
La discussion se poursuivait pendant encore de longues minutes mélangeant les affirmations et les questions : "Pourquoi faites-vous appel à l'ONF (Office National des Forêts) pour la sylviculture et pourquoi pas à la fédération de pêche pour la pisciculture ? Les pêcheurs ont aussi un rôle dans l'apprentissage des jeunes à la nature. Mieux vaut être avec les pêcheurs pour avancer tous ensemble", disait le président de la fédération de pêche 49. A son tour, Pascal Farion, le maire de Durtal, prenait la parole : "On nous demande de prouver que le black bass est nuisible. On peut vous retourner la question et vous demander de prouver que le black bass n'est pas nuisible". Et Jérôme Dehondt d'ajouter que "les circonstances sont aujourd'hui différentes du fait que la forêt de Chambiers soit classée Espace Naturel Sensible". Julien Ternus demandant "à quel moment un inventaire piscicole a été fait pour savoir combien de black bass et de perches il y avait dans l'étang ?".
Tournant majeur dans les échanges lorsqu'une habitante de Durtal, présente pour couvrir l'actualité pour un quotidien régional, suggérait : "Ne faut-il pas revoir la dénonciation afin de faire une étude commune et déterminer les choix à faire dans un an ?". A cela, Julien Ternus confirmait que de "remettre la convention dans l'état d'un commun accord pour travailler main dans la main durant les douze prochains mois permettrait de soulager tout le monde". Pascal Farion et Jérôme Dehondt ne semblaient pas refuser l'option de mettre en place une convention intermédiaire qui permettrait à chacun de repartir sur de meilleures bases et dans un climat apaisé.
Un nouveau comité de pilotage est programmé le 15 décembre 2021.
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